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Les glacières et les hommes de la glace

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Glacière

On dit que leur origine remonte à la plus haute Antiquité, au temps de Babylone et des jardins suspendus. On sait que les Romains transportaient la neige compactée des montagnes pour rafraîchir leurs boissons. Après des siècles d'oubli, la consommation de glace reprit à la Renaissance. A Versailles, au temps du Roi Soleil, les ingénieurs architectes construisirent des cavités souterraines pour entreposer l'eau gelée durant l'hiver et en faire profiter Louis XIV et la Cour durant la période estivale. Mais tout cela restait marginal. Les vraies "glacières" firent de timides apparitions à partir du siècle des Lumières, en particulier en Provence. Elle devint leur terre d'élection en raison de la présence d'eau, de massifs montagneux à proximité des grandes villes, des contrastes de température avec des hivers froids et des étés chauds, ainsi que des goûts d'une bourgeoisie aisée, soucieuse d'hygiène et de bien-être. Ainsi, au cours des fouilles d'Aix-en-Provence dans le cadre de l'aménagement de la ZAC Sextius-Mirabeau a-t-on retrouvé, en 1996, deux glacières du XVIIIe siècle. C'est à partir de 1830 que leur construction, très savamment mise au point, se généralise et qu'elles firent réellement partie du paysage dans certains lieux qui se prêtaient tout spécialement à leur édification, comme le Mont Ventoux ou la Sainte-Baume. Les médecins et les hygiénistes vantaient les qualités du froid. La glace soignait les hémorragies, calmait les douleurs et les maux de ventre, réduisait les ecchymoses ; elle assurait une meilleure conservation des aliments, en particulier des poissons de la Méditerranée qui n'étaient ni salés, ni fumés. Le plaisir de boire et de manger frais se répandit dans les nouvelles classes aisées, créées par le début de la Révolution industrielle. Alors, à proximité des grandes villes, sur des hauteurs d'au moins 600 à 800 mètres, facilement alimentées en eau pure, les hommes construisaient ces fameuses "glacières" dont l'existence suivit dans la toponymie : hameau des Glacières, chemin de la Glacière... Les plus belles, les plus nombreuses furent édifiées dans les années 1850 dans le massif de la Sainte-Baume. On en compte encore aujourd'hui pas moins d'une vingtaine à l'état de ruines majestueuses ou transformées en maisons d'habitation. Leur découverte est toujours très impressionnante. Ce sont de véritables donjons, très largement enfouis dans les profondeurs de la terre. Elles mesurent pour certaines 25 mètres de haut et 20 mètres de diamètre, avec des murs de 2,50 mètres d'épaisseur. Elles épousent très savamment la pente du terrain afin d'avoir des portes d'accès à différents niveaux, aussi bien pour le remplissage que pour le retrait. Elles ont également deux ou trois ouvertures en meurtrières pour donner un peu d'éclairage et une légère ventilation. Elles portent une toiture conique de tuiles rondes avec, comme sur les parois, une isolation très étudiée de terre, de copeaux de bois et de paille. La glace pouvait s'y conserver au moins deux années de suite. Bien que souterraine, la partie inférieure est drainée par un petit canal permettant l'écoulement et l'évacuation des eaux de fonte, parfois vers un petit puits.

Glacière coupe

Dans les environs immédiats de la tour, un peu en hauteur, tout un réseau de canaux permettait d'amener l'eau dans des bassins. Ceux-ci gelaient durant les grands froids. La température idéale était de - 10°C, or cela n'arrivait le plus souvent que quelques jours de l'année. La moisson de glace  devait donc se faire très rapidement. Les responsables de la glacière sonnaient alors du cor pour ameuter les paysans des alentours, souvent condamnés à l'inaction en ces jours hivernaux. Ils venaient par dizaines pour briser la glace des bassins, la charger sur des brouettes et la compacter. Grâce à l'enfouissement de l'édifice, à son intégration dans la forêt qui la gardait toujours dans l'ombre, grâce aussi à sa parfaite isolation intérieure et à la masse de glace contenue, près de 5 000 mètres cubes à la fin de l'hiver, soit pas loin de 5 000 tonnes, la glacière conservait une température très basse même au coeur de l'été le plus chaud et la glace s'y conservait parfaitement. Au cours des nuits de la saison estivale, les hommes découpaient des blocs de glace. Ils les enveloppaient de paille et de toiles isolantes, les chargeaient sur des charrettes et gagnaient la ville le plus rapidement possible. Il fallait parcourir à toute vitesse les 50 à 60 kilomètres qui séparaient la glacière de sa destination. C'était un métier dangereux car les chargements étaient lourds, les chemins difficiles et il ne fallait jamais s'arrêter, surtout quand la grosse chaleur faisait fondre la précieuse marchandise. Le travail devenait d'autant plus dur que l'été s'avançait car les hommes descendaient alors au fond de la tour et ils devaient hisser à proximité de la surface de gros morceaux de glace, tout cela dans l'obscurité ou presque. La vie des glacières fut relativement brève, quelques décennies au mieux. En effet, à la fin du XIXe siècle, le chemin de fer permit de transporter rapidement de la glace des montagnes vers les grandes villes. Les glaciers naturels prirent la relève des glacières. Certains bateaux à vapeur, très rapide, participent même à ce commerce. Quelques années plus tard, l'ingénieur français Nicolle construisait la première usine capable de fabriquer de la glace. Il fut suivi de peu par Charles Tellier que l'on surnomma "le père du froid". Désormais, les pains de glace étaient confectionnés chaque jour dans la ville au rythme des commandes. En 1940, apparurent les réfrigérateurs familiaux. Plus personne ne conserva la glace produite en hiver. 

Glacière Pivaut

Malgré la brièveté de leur vie, les glacières sont des souvenirs remarquables de ce printemps de la Révolution industrielle. Il en existe des traces dans différents sites provençaux, mais les plus belles glacières les mieux conservées se trouvent dans le massif de la Sainte-Baume. Celle de Pivaut, sur la D95 à 6 km avant Mazaugues dans le Var en venant du Plan d'Aups, est facile d'accès. Elles est signalée sur le bord de la route. Elle a été parfaitement restaurée et dotée de notices explicatives. Les quatorze glacières du domaine de Fontfrège sont des ruines magnifiques dans un cadre superbe, mais elle sont situées dans une propriété privée et il faut demander l'autorisation de les visiter. Celles du Pic de Bertagne demande une bonne marche à pied. On raconte que la glacière de Pivaut fut construite pendant dix ans entre 1875 et 1885. Mais il suffit d'un seul été pour rembourser tous les travaux d'édification et faire même de confortables bénéfices. Il est vrai qu'elle produisit 4 800 tonnes de glace, vendue six centimes le kilo à Marseille. Aujourd'hui, le patrimoine des glacières est certainement l'un des plus originaux de l'art de l'eau.

Source : Les monuments de l'eau en Provence - Jean-Marie Homet - Edisud.

 


Histoires d'eau

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Cascade

"Afraus", "ragas", "ragagi" : gouffres d'eau. Excavation, anfractuosité qui rejette avec force le trop plein des sources voisines situées en contrebas. Exemple : Dans la commune du Revest (Nota de Nadine : aujourd'hui Revest-les-Eaux), à 7 km de Toulon, au pied du mont Caume, le Ragas (66 m de profondeur) rejette impétueusement après les fortes pluies, le surplus des sources inférieures de La Foux, du Figuiers, etc. C'est la source mère de la rivière du Las.

"Auron", "lauroun", "eissour" : source qui sort à fleur de terre. On trouve en Provence de nombreuses sources portant ce nom. (Nota de Nadine : A Trans-en-Provence, il existe un quartier du Lauron).

"Adoux" ou "doux" : petite source régulière qui ne tarit presque jamais. La source de Ladous à Bargemon donne naissance au ruisseau de la Douse.

"Fous" ou "afous" : source qui jaillit avec bruit (avec fougue). Les fous sont nombreuses dans les Alpes-de-Haute-Provence et l'arrondissement de Grasse. Dans le Var, on en compte près de cinquante. (Nota de Nadine : à Trans-en-Provence, il existe le quartier de La Foux).

"Sorgo" ou "soua", source d'un débit considérable telles que celles de Fontaine l'Evêque (Nota de Nadine : aujourd'hui engloutie sous les eaux du lac de Ste Croix) et Fontaine-de-Vaucluse".

"Avenado", "veno", "fistour" : minces filets d'eau qui sortent de la fente d'un rocher, ou qui par leur nombre alimentent une source.

"Font", "fouant", "fouent" : fontaines-sources qui, la plupart du temps, ne donnent pas naissance à des cours d'eau. La Font Dorée à La Farlède donne naissance au Regana.

Les "fonts" d'un faible débit portent le nom de "fountanieù" ou "fontanello", ou bien encore "fonteto" (Nota de Nadine : dans le Var, plusieurs villages ont des rues ou des quartiers de la Fontête ou des Fontêtes). Dans le sens opposé, on trouve "fontanasso", notamment à Carnoules, au Castellet, etc.

"Grifo', "grifoun" et "grifoulet" : source d'où jaillit un mince filet d'eau.

"Licheto" : source salée.

"Maire" : source d'un fleuve.

"Escouladiero" : écoulement des eaux d'une pente voisine.

"Mueio" et "lono" : source alimentant des mares d'eau.

"Caudan" ou "Chaudan" : source chaude en hiver et chaude en été. A noter, dans le même ordre d'idées, "font frede" et "fonf freye" , et aussi, dans une acceptation particulière d'aspect ou de nature, "font vivo", "font vieio".

Source : Les archives de Trans en Provence n°22 - mars 1932 - Jean Barles

 

Articles à lire sur mon autre blog

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Afin d'augmenter l'audience de mon autre blog, je vous donne les titres de mes derniers articles. Les curieux iront j'en suis sûre y faire un tour.

- Les battues sous l'ancien régime (bêtes féroces) ;

- Quelques notes sur Trans ;

- Délibérations du Conseil de la Communauté de Trans ;

- Insubordination envers le procureur fiscal ;

- Bêtes de labour en 1550 ;

- A travers les archives : quelques contrats d'apprentissage ;

- Le nom de la Nartuby ;

- A travers les archives : enfants naturels et inhumations ;

- Les bourgeois d'autrefois à Trans (article en 3 parties) ;

- Des histoires de brigands et bandits de grand chemins.

Et voilà le lien bien sûr. Merci à vous.

Trans en Provence au fil de la Nartuby

Rapport présenté par le Maire au Conseil de la Communauté du 20 juillet 1788 - Le Sieur Maire représente que les bêtes féroces qui ont répandu la terreur dans cette contrée et qui ont malheureusement dévoré quelques personnes dans les environs, ont donné lieu à des battues faites dans plusieurs terroirs.

http://www.transenprovence.info

 

Barre fleurs

 

 

Pirates et corsaires

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Pirates

 La piraterie était une vieille tradition sur tout le littoral méditerranéen. Il y avait même, à Gênes, un Office de la Piraterie ! Course, piraterie, service du Roi ou pur brigandage maritime, on tue, on pille joyausement, on accumule âprement des richesses en écumant la mer, en vendant des hommes et des femmmes ou des enfants. La conscience tranquille, qu'elle soit chrétienne, musulmane ou païenne. Les arabes enlèvent les européens, qui vendent les "infidèles", les forbans font trafic d'esclaves. La piraterie règne partout, provençaux, occitans ne sont pas en reste ; abrités dans les criques, leurs bateaux guettent celui qui va passer. Les romains avaient déjà dû construire des flottes entières pour purger les eaux méditerranéennes... Quand les sarrasins arrivent sur nos côtes, ils sont montés sur de fins chébecks, imbattables sur le plan de leur maniabilité et de leur vitesse. Les flûtes, avec leurs 40 mètres de long, les pinques à fond plat de 200 ou 300 tonneaux sont moins maniables, les polacres à voile latine étaient plus aptes à se défendre. Dès les VIIIe siècle, les marins d'Afrique du Nord et les arabes organisent des raids sur les côtes provençales, les villes côtières sont attaquées. C'est surtout de la ville de Bône, en Algérie, que partent les galères, les chébecks ou les felouques des "infidèles". Mais Alger, Tunis et Tripoli sont des vrais nids de pillards barbaresques, qui viennent apporter la désolation au pays des Rhûm (romains).

Barberousse

 Certains de ces pillards ne sont pas musulmans, tel Barberousse ou Dragut, mais fils de renégats chrétiens, ils ne se gênent pas pour arborer un pavillon français pour tromper leurs victimes ; pirates, corsaires, la frontière est souvent assez vague. Barberousse (Kaïr el Din), avec deux acolytes du même acabit, à la têtes de cinquante bateaux, tient les îles pendant dix ans. Quand il devient Soliman II, le roi de France, François 1er s'allie à lui. En 1257, Rainier Grimaldi s'installe près du port de Monicos (Monaco), y construit des galères, son frère s'empare de le forteresse du Rocher, fief de Spinola. Il se lance dans le métier de corsaire, s'attaque à ses anciens compatriotes génois qui l'avaient proscrit. Plus tard, Charles, son fils, qui réussit à se faire reconnaître par la Provence angevine "la droit de mer", se met souvent au service du roi de France. En 1346, ils prend d'assaut 25 navires anglais, et va même jusqu'à Calais aider Philippe VI de Valois. Spinola, chassé de Monaco, revient avec ses génois prendre position à Brégançon et organise la piraterie sur mer et le brigandage sur terre. Le comte de Provence Charles 1er d'Anjou, ayant déclaré que les prises en mer appartenaient aux armateurs les ayant capturées, ne se réservant que le droit d'acheter des prisonniers au prix fixe de 25 livres tournois chacun, les corsaires furent de plus en plus nombreux et sévirent aussi cruellement que les pirates. En 1706, l'escadre anglo-hollandaise composée de 66 vaisseaux, plus 34 transports, sous le commandement de l'Amiral Schowel mouilla entre Bénat et Bagaud. Les marins se répandirent sur les terres et pillèrent tout ce qu'ils purent. Les îles d'Hyères sont écumées, puis occupées et acquièrent la gloire douteuse d'être l'un des points de la mer du Couchant où l'on a le plus de chances d'être dévalisé, si l'on reste vivant... Saint Vincent de Paul, jeune prêtre fut capturé en mer et subit deux ans d'esclavage en Afrique.

Croisade des enfants

 La croisades des enfants par Gustave Doré

Parfois, les armateurs eux-mêmes se font pirates : en 1212, un berger illuminé entraîna quatre cents enfants allemands dans une croisade pour aller délivrer le tombeau du Christ. Un armateur "bon apôtre" accepte de leur faire passer la Méditerranée, charitablement, par esprit chrétien. En arrivant chez les infidèles, il vend sa cargaison... A qui se fier dans ces temps durs sans pitié et pour certains, sans piété. Capturés en mer ou enlevés sur les côtes, des milliers de chrétiens rament, demi-nus, sur les galères pirates et musulmanes. Les pirates font la loi, une loi sans pitié. L'insécurité pèse sur la navigation et les rivages méditerranéens et cela devient si insupportable que le pape Pie V prend l'initiative d'appeler la chrétientéà s'allier pour combattre ce fléau.

Esclaves

 L'ordre de Malte puis Venise, l'Espagne et Gênes constituent une importante flotte qui se trouve à Messine sous le commandement de Don Juan d'Autriche fils de l'empereur Charles Quint. Dans la baie de Lépante, en mer grecque, les flottes turques et algériennes sont en nombre supérieur, mais le 7 octobre 1571 la flotte chrétienne engage le combat et c'est une bataille sans merci que les malheureux rameurs enchaînés à leur banc de nage payent par centaines de leur vie. La flotte algérienne se dégage avant la défaite et laisse les turcs face aux forces de l'amiral espagnol ; leurs pertes sont effrayantes, l'amiral turc se suicide. Les prisonniers chrétiens sont libérés par milliers des fers barbaresques. Les force pirates fortement affaiblies par cette défaite réduisirent leur pression sur la navigation et sur les côtes européennes. Une période plus calme suivit, mais la lutte fut permanente, les corsaires poursuivaient et combattaient les barbaresques de toutes origines et cela dura encore plus de deux siècles et demi, jusqu'à ce que la France conquière Alger et colonise l'Afrique du Nord. On se débarrassait d'un ennemi, mais on mettait les pieds dans un futur qui fut bien épineux. Cette bataille inspira le Titien qui peignit l'allégorie de la bataille de Lépante à l'âge de quatre-vingt quatorze ans !

Source : Les Maures - Terre de Provence - Georgette Brun-Boglio - Les Presses du Midi.

Bataille de Lépante

 La bataille de Lépante par Ferrando Bertelli (1572)

 

Des communautés d'habitants aux communautés municipales

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Communaut-

C'est à la fin de l'Antiquité, quand le pouvoir central disparaît que se constituent les féodalités. Ainsi vont se structuer et se développer les communautés d'habitants, c'est-dire, un ensemble formé par des hommes et des terres réunis autour d'un seigneur et d'une paroisse.

Progressivement, ces communautés s'affranchissent de la tutelle du seigneur et obtiennent des libertés, des franchises et des octrois. Ces communautés, afin de régler les problèmes d'organisation, se dotent de conseils avec à leur tête, des syndics et des consuls. Chaque communauté instaure son propre règlement qui fixe le mode de recrutement du conseil municipal et ses attributions, l'électorat et les mesures de police. Les communautés ont une personnalité juridique qui leur est propre : sceau, milice, représentants, élus municipaux.
En 1481, après quatre siècles d'indépendance, le comté de Provence intègre le royaume de France. Désormais, le pouvoir royal développe une tutelle administrative exercée par des viguiers qui contrôlent les délibérations des conseils municipaux. Les vigueries sont au nombre de onze : Aix, Aups, Barjols, Brignoles, Castellanne, Draguignan, Hyères, Lorgues, Moustiers, Saint-Maximin, Toulon. Cependant, au XVIe siècle, les guerres de Religion vont perturber cette administration. Il faut armer, loger et approvisionner les troupes, ce qui entraîne des dépenses considérables. Elles sont obligées d'emprunter pour acheter les denrées alimentaires nécessaires à leur survie car les terres sont ravagées et les habitants massacrés par des bandes de pillards. Au XVIIe siècle, cette précarité financière s'accentue avec les guerres menées par Louis XIV. Les communautés ne cessent de s'endetter. Par ailleurs, l'autorité royale se fait plus pesante avec le prélèvement d'impôts nouveaux et la nomination d'un intendant de la province, la création dans toutes les villes d'un office de maire, ce qui grève souvent le budjet municipal pour des décennies.

Var

Au XVIIIe siècle, c'est l'intendant, représentant du Roi, qui gère et contrôle les communautés. Les cahiers de doléance réclament une administration communale gérée par des syndics libres choisis par les habitants et non plus par le seigneur. C'est la Révolution, qui mettra un terme à cette administation dont les français ne veulent plus. Désormais, toutes les communautés d'habitants ont à leur tête, un maire et des conseillers municipaux. La loi du 14 décembre 1789 va transformer les communautés d'habitants de l'Ancien régime, en communes. En 1790, cette nouvelle organisation administrative s'accompagne de la création des départements. Le Var qui s'étend jusqu'au fleuve "Var" et qui forme une frontière avec celui-ci, regroupe les communes situées à l'est de la Provence. Les communes sont réparties en cantons, eux-mêmes répartis en neuf districts qui correspondent à peu près aux anciennes vigueries : Barjols, Brignoles, Draguignan, Fréjus, Hyères, Saint-Maximin, Toulon, Grasse, Saint-Paul du Var. L'année 1795 voit la disparition des districts et les cantons acquirent plus d'importance. En 1800, les cantons sont regroupés en quatre arrondissements : Brignoles, Draguignan, Grasse et Toulon.
Le chef-lieu du département est d'abord Toulon en 1790, mais en 1793, la ville trahit la République au profit des anglais. C'est ainsi que l'on va tansférer le chef-lieu à Grasse puis à Brignoles en 1795, ensuite à Draguignan en 1797.
En 1860, le comté de Nice est rattachéà la France et constitue le nouveau département des Alpes-Maritimes auquel est intégré l'arrondissement de Grasse. Désormais, le fleuve "Var" ne coulera plus dans le département qui porte son nom.
Draguignan demeure le chef-lieu de préfecture du Var jusqu'en 1974, année au cours de laquelle la préfecture est transférée, non sans heurts, protestations et manifestations diverses, à Toulon.

carte-83

Aujourd'hui, le Var compte 153 communes, regroupées en 43 cantons, répartis en trois arrondissements : Toulon, Draguignan, Brignoles. Six communes ont disparu depuis 1800 :
Candumy supprimée en 1839 et rattachée à Flassans-sur-Issole, Meinargueitte supprimée en 1838 et rattachée à Mazaugues, Bézaudin supprimée en 1840 et rattachée en Varages, La Bastidonne supprimée en 1840 et rattachée à Barjols, Favas supprimée en 1844 et rattachée à Bargemon, Brovès, de nos jours, Brovès en Seillans, rattachée à Seillans en 1970. D'autre part, quinze communes ont été crées : Saint-Paul-les-Fayence, c'est-à-dire de nos jours, Saint-Paul-en-Forêt détachée de Fayence en 1823, Saint-Cyr-sur-Mer détachée de La Cadière en 1825, Tanneron détachée de Callian en 1835, La Crau détachée de Hyères en 1853, Les Mayons détachés du Luc en 1863, Les Adrets, actuellement, les Adrets de l'Estérel, détachés de Montauroux en 1867, Carqueiranne détachée de Hyères en 1894, Le Pradet détaché de la Garde en 1894, La Londe, de nos jours, La Londe les Maures, détachée de Hyères en 1901, La Lavandou détaché de Bormes en 1913, Cavalaire détachée de Gassin en 1929, La Croix-Valmer détachée de Gassin en 1934, Le Rayol-Canadel détaché de La Môle en 1949, Saint-Mandrier détaché de La Seyne en 1950 et Saint-Antonin détaché d'Entrecasteaux en 1954.
  
Source : D'après le Guide des Archives du Var - Archives départementales du Var.

Les charbonniers des Maures

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Chênes-lièges

La forêt vulnérable, menacée par les incendies, arbres attaqués par le bostryche (coléoptère) qui les rend malades, les pinèdes sont bien réduites, le chêne-liège s'en tire mieux, moins inflammable, mieux protégé par son écorce et la dureté de ses feuilles, il reverdit et souvent s'en remet. Du temps de l'exploitation des bois, les arbres destinés àêtre coupés étaient marqués de deux coups de hache retirant une partie d'écorce. Les gardes forestiers contrôlaient l'abattage. Les "bouscatiers" coupaient les arbres marqués. On entendait le bruit des "destraou" (haches), les han ! sourds des bûcherons, les fracas du pin s'écroulant. Le géant abattu était écorcéà longs coups horizontaux de la hache bien affûtée. Ce bois servait pour faire des poteaux, des bois de mines ou de charpente. La lune a une importance, il faut choisir la date pour les coupes de bois, pour qu'il ne se mite pas et se travaille mieux. "En Provenço lis boucatié coupon lis aubre à fucio persistanto à la luno nouvello é aquéli à fucio caduco à la luno qué trébuco per qué lou bos non s'artisouno". "En Provence, les bûcherons coupent les arbres à feuilles persistantes en lune nouvelle et ceux à feuilles caduques en lune vieille (qui tébuche) pour qu'il ne soit pas vermoulu". Dans la forêt, en ces temps d'exploitation assez intense, les "loubes" (scies) chantaient, les hommes s'échinaient mais vivaient dans une atmosphère pure. Quand l'écorçage était terminé, les troncs étaient placés dans une clairière les uns sur les autres en attendant d'être transportés par charrettes aux scieries, caisseries ou négociants en bois. Les troncs (grumes) enlevés, les branches étaient utilisées pour faire le charbon de bois.

Famille de charbonnier

Dans les collines, sur les lieux du chantier, parfois à des heures de marche par les pistes forestières, les charbonniers venus d'Italie vivaient avec leur famille souvent nombreuse dans des cabanons, ou l'été sous des bâches tendues entre les arbres. Une vie au grand air, mais un métier rude et... noircissant ; leurs yeux semblaient jaillir de l'orbite tant le blanc contractait avec le noir de leur peau. Ils étaient assidus à la messe du dimanche, venant à pied du fond des bois avec tous leurs enfants... Ils recueillaient l'eau de sources secrètes ou de ruisseaux, cuisinaient sur le feu allumé entre deux pierres dans la clairière. Le pain rassis, les haricots, le petit salé remplaçant la viande dans les préparations, les grosses soupes d'épautre, la polenta, l'ail, l'oignon, les anchois et le fromage, c'était à peu près toute leur nourriture, quelquefois ils ajoutaient un gibier attrapé aux lacets.

Charbonnier

Charbonniers

Leur travail consistait à couper les bûches, à les empiler verticalement sur deux ou trois rangs, autour d'un vide central servant de cheminée, la meule ainsi formée en hémisphère, recouverte de mousse, de feuilles puis de terre battue qu'il fallait arroser quand soufflait le mistral pour qu'elle ne sèche pas. La cheminée alors remplie de bois enflammé, la combustion se propageait rapidement. Tout d'abord, la fumée qui sortait "la suée" c'était l'humidité qui se dégageait, puis la fumée peu à peu prenait une teinte bleuâtre et devenait de plus en plus transparente : la carbonisation était terminée dans le voisinage de la cheminée que l'on bouchait alors et on pratiquait des ouvertures (évents) à 30 cm plus bas. Dès que la fumée s'éclaircissait, on les bouchait à leur tour et ainsi de suite jusqu'au pied de la meule. Cette combustion durait plusieurs jours. Après l'avoir laissée trois jours à refroidir, puis démolie, on triait le charbon plus ou moins bien calciné. Les goudrons de la combustion des bois résineux étaient récupérés par un conduit menant à une citerne, la meule était édifiée sur une aire conique au centre de laquelle s'abouchait le conduit de drainage.

Charbon

Le charbon mis en sacs était charroyé dans les villes voisines et même jusqu'à Marseille, il fallait deux jours pour y arriver, la charrette était tirée par la "coublo" (deux chevaux). Les bûcherons réservaient les branches de pin les plus petites pour confectionner des fagots que les boulangers achetaient pour chauffer leurs fours, c'étaient les "faicines". Coupant les grandes bruyères, ils en fabriquaient des milliers de balais pour la Marine Nationale et pour le balayage des rues. Ils fabriquaient aussi des paillassons pour abriter soit du vent, ou du soleil, soit pour servir de clôture. Les racines de bruyère étaient réservées pour les fabriques de pipes de Cogolin et de Saint-Claude. Résiniers, bouscatiers, charbonniers, chasseurs, chercheurs de champignons ou ramasseurs de pommes de pin, cela faisait beaucoup de monde dans la forêt du Dom. Cette forêt merveilleuse autrefois, très profonde, infestée de loups, - le col de Gratteloup en rappelle le souvenir - on y faisait des rencontres dangereuses avec des brigands ou des bagnards du bagne de Toulon en rupture de ban. Elle appartenait aux moines de l'abbaye de la Verne. Le seigneur de la Môle y fit dresser des fourches patibulaires (potences) pour effrayer les chartreux avec lesquels il était en conflit. Dans les périmètres les plus faciles à atteindre (desservis par les chemins) les bois ont été surexploités depuis les Romains pour des édifices.

Flotte romaine

Pour la contruction de bateaux de la flotte romaine, le beau chêne dur était la grand sacrifié, puis pour la constructions de maisons jusqu'au XIe siècle où la pierre se substitua au bois, les Mérovingiens utilisaient le bois pour leurs châteaux, murs, charpentes, planchers, portes et fenêtres. Plus le bois de chauffage et les besoins en bois de l'arsenal de Toulon, tout contribuait à dépeupler la forêt. Les Maures aujourd'hui sont plus calmes. Seulement les dimanches d'automne les chercheurs de champignons abandonnent leurs véhicules à l'orée du bois, les chemins étant interdits à la circulation automobile. Quand les forêts étaient nettoyées, les arbres morts étaient enlevés et les incendies moins nombreux. Il a été créé en janvier 1969 un centre de recherche agronomique dans la forêt même, à proximité du clos Mistinguett. On y étudie les nombreux problème posés par la forêt - incendies, parasites - (le pin maritime est très touché par le matsu-coccus). Des espèces, résistant à ces diverses agressions sont testées (eucalyptus, sapins méditerranéens).

Source : Les Maures - Terre de Provence - Georgette Brun-Boglio - Les Presses du Midi.

Champignon

Notes sur les gelées des oliviers

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Champ d'oliviers

 J'emprunte ce qui suit à la "Collection des Mémoires ou de Lettres relatives aux effets, sur les oliviers de la gelée du 11 au 12 janvier 1820 (Paris, 1822)".

1 - "L'olivier faisait la richesse de la basse Provence et du bas Languedoc lorsque les gelées de l'hiver de 1709 en frappèrent de mort la plus grande partie , et depuis il semble n'avoir pas pu se relever de cette grande catastrophe ; de pareils accidents l'affectèrent plus fréquemment qu'autrefois". Cette constatation appuie ce que l'on a dit du refroidissement progressif de l'hémisphère boréal. l'olivier semble céder, comme la vigne, devant l'abaissement de la zone des grands froids. L'espace consacréà sa culture se rétrécit. On en trouve la preuve dans la connaissance que nous donnent certains monuments historiques de l'existence d'oliviers à Montélimart et même à Valence, où il n'y en a plus aujourd'hui.

2 - Gelée de 1820 dans le Var. - "En novembre 1819, quelques gelées modérées, favorables à la constitution de l'olivier, parce qu'elles s'opposent à un excès de végétation toujours dangereux pour cet arbre pendant l'hiver. Mais le temps s'étant bientôt adouci, et un vent remarquable par sa chaleur ayant même soufflé durant plusieurs jours du mois de décembre, l'olivier continua d'être en sève et d'avoir quelque végétation ; elle se fit surtout remarquer sur les arbres jeunes, vigoureux et bien cultivés, sur les greffes et dans les pépinières. Ce fut dans ces circonstances que, le 8 janiver 1820, un vent de bise assez vif vint refroidir l'atmosphère. Le 9, il tomba de la neige, mais seulement l'épaisseur de quatre ou cinq pouces (10 à 12 centimètres). Le 10, le vent soufflant toujours, le froid augmenta encore jusqu'au 11, où le thermomètre Réaumur descendit à 11 degrés au dessous de la glace (13° 3/4 centigrades). Le 12, la température commença à s'adoucir un peu, et, le 14, une pluie douce amena le dégel. Les effets de la gelée se firent principalement remarquer par le déssèchement des feuilles et des jeunes rameaux. D'autres arbres, surtout ceux qui avaient souffert par d'anciennes gelées, avaient leur écorce soulevée et détachée ; quelques-uns, mais en petit nombre, étaient fendus perpendiculairement dans leur tronc".

3 - Monsieur de Gasquet, l'auteur de cet exposé dit que parmi les arbres gelés, il s'en trouvait qui donnaient ordinairement une production de 60 kg d'huile, et il ajoute en note : "La relation des effets du froid de 1709, conservée à Toulon, fait mention d'arbres qui produisaient 180 kg d'huile, et que, l'un dans l'autre, on pouvait supposer aux arbres une production moyenne de 60 kg d'huile". 

Ligurie-carte

 4 - Effets de la gelée en Ligurie et en Provence. - "Depuis Savone jusqu'à Nice, écrit M. Lautard de Marseille, les citronniers ont tous été coupés au pied ; sur la plage de cette dernière ville, le 14 décembre 1821, j'ai vu vendre le bois, de cet arbre 5 sous le quintal. Vers Savone, les orangers, qui craignent un peu moins le froid que les citronniers, sont encore en vie ; mais on les voit desséchés, à mesure qu'on se rapproche du Var. A Menton, on n'en voit plus que quelques uns, et à Nice ils sont tous morts ; ceux d'Hyères ont tous péri. De Savone à Nice, les oliviers n'ont éprouvé aucun mal ; il étaient même cette année de la plus grande beauté, et ils ont donné une très grande quantité de fruits. Immédiatement après avoir passé le Var, on commence à voir de loin en loin quelques rameaux d'oliviers desséchés. A Cannes, à Antibes et jusqu'au pied des montagnes de l'Estérel, le mal va progressivement en augmentant. A Fréjus, il est beaucoup plus sensible : on y voit déjà des oliviers coupés aux grosses branches. Dès qu'on arrive au Luc, les oliveraies offrent le plus triste aspect. Les arbres sont coupés au pied, et le long de la route depuis cette ville jusqu'à Marseille, on ne voit pas un olivier debout. A l'extrémité occidentale du territoire de Marseille, le mal semble moins grand. Dès le Martègues, on voit encore de beaux arbres, et dans les coteaux d'Istres ainsi que dans les plaines de Salon et d'Arles, le froid n'en a tué qu'à peu près le tiers".

5 - Années de mortalité des oliviers - 1476, 1507, 1518, 1608, 1709, 1749, 1755, 1766, 1767, 1768, 1789, 1794, 1820, 1929, 1956...

Source : Les Archives de Trans en Provence n°28 - mars 1933 - Jean Barles. 

Un olivier séculaire au tronc noueux 

 

Noël : la fête majeure de Provence

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Saturnales-callet-antoine-francois

Les Saturnales d'Antoine-François Callet

 Dans les années 330 alors que l'empereur Constantin officialise la religion chrétienne, l'Eglise décide s'instaurer une fête spécifique afin de célébrer la naissance du Christ. Le choix de la date va s'inscrire dans un contexte de lutte contre le paganisme. En effet, les Saturnales fêtes qui célèbrent le dieu des semailles et de l'agriculture donnent lieu à Rome à des réjouissances débridées entre le 17 et le 24 décembre. Les Romains échangent des cadeaux, des porte-bonheur, des gâteaux et décorent leurs foyers avec du lierre, des branches de houx et de gui. Le 25 décembre est aussi la fête de Mithra, dieu perse qui symbolise la lumière et la pureté, introduit à Rome par l'empereur Elagabal en 218 et dont le culte devient officiel en 274 sous l'empereur Aurélien. Les adeptes de cette religion diffusée par les légionnaires dans les provinces les plus éloignées de l'Empire, appartiennent plutôt à l'élite urbaine aristocratique et militaire. Ils célèbrent alors au moment du solstice d'hiver, qui est la période de l'année où les jours rallongent, la renaissance du Sol Invictus, le "Soleil invaincu". En fixant Noël le 25 décembre, l'Église facilite le passage des coutumes païennes à la foi chrétienne. En 337, le pape Jules 1er est le premier a décréter que Jésus a vu le jour un 25 décembre. En 506, le concile d'Agde en fait une obligation dogmatique et en 529 l'empereur Justinien déclare la Nativité jour chômé. Mais la fête de la Nativité ne connaît un réel essor qu'au Moyen Age avec la propagation du christianisme. Le terme même de Noël devient une exclamation de joie, lancée par la foule en liesse lors des grandes occasions : naissances, baptêmes ou mariages princiers, entrées triomphales des souverains dans une ville. La crèche et la messe de minuit datent aussi de la période médiévale. Très tôt, le premiers Chrétiens vénèrent le lieu de naissance du Christ à Bethléem et les pélerins viennent se recueillir dans la grotte et devant la crèche ayant selon la tradition chrétienne abritée l'Enfant Jésus. Une légende prétend que c'est saint François d'Assise, provençal par sa mère, qui le premier célèbre une messe de minuit en 1223, devant une étable où hommes et bêtes rejouent la scène de la Nativité. A partir du XIIIème siècle, les Mystères, ces tableaux vivants qui ont pour thème la vie de Jésus introduisent des crèches dans leurs représentations.

Santons

Par la suite, celles-ci apparaissent à l'entrée et dans le choeur des églises, avant de se répandre, sous une forme miniaturisée dans les foyers. Dès le XVIIIème siècle, les religieuses fabriquent des niches vitrées dans lesquelles elles créent des scènes représentant la Nativité. Elles sont composées de petits personnages en verre filé ou en porcelaine. L'apparition de sujets modelés en mie de pain, en cire ou en argile permet leur diffusion dans toutes les régions de France. Inspirée par la tradition napolitaine des presepio (crèches), la Provence invente les santons (du provençal "santoun" petit saint). Dès la période pré-révolutionnaire, les églises s'ornent de crèches offertes à la dévotion des fidèles au moment de Noël. La Révolution supprimant les lieux de culte, les modestes figurines en terre crue ou cuite permettent de réaliser à la maison les crèches que l'on ne peut plus admirer dans les sancturaires.

Pour les croyants la messe de Minuit avec le rite du pastrage (offrande des bergers) et les chants de Noël représentent le pinacle des festivités. Les plus anciens datent du XVème siècle. Ils ont été popularisés grâce aux bibles de Noël, recueils de cantiques vendus par les colporteurs du XVIème au XIXème siècle. Il ne faut pas oublier de citer les pastorales qui sont des sortes de pièces chantées qui content la Nativité. Quant au sapin, il faut attendre la fin du XIXème siècle pour le voir s'imposer en France.

Crèche

En complément :

Les santons anciens sont difficilement identifiables. Ils ne sont de toute façon pas signés et il est donc quasi impossible de connaître vraiment leur provenance. Les moules des santonniers ont souvent été réutilisés, sans parler des pièces imitées ou remoulées sur des santons.  La présence d'une signature constitue toujours une preuve de facture récente.

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Pere-Noel

Le saviez-vous ?

  A l'origine, le Père Noël, ce personnage débonnaire à la barbe blanche qui apportait des cadeaux aux enfants sages était habillé de vert. C'est en 1931 que la firme Coca-Cola s'en empara et en fit un bonhomme ventru tout de rouge vêtu.

Mais encore :

La fête qui célèbre la Nativité est surtout celle des enfants. Les santons sont de tradition italienne, le sapin, d'inspiration germanique et le Père Noël a des origines nordiques !

Sources : Hors-série Historia décembre 2011 et Les Objets de Provence de Rémi Venture aux Editions du Chêne.

 


Les treize desserts

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Treize desserts

Pour vous souvenir des treize desserts, pensez d'abord : trois, quatre, six. Voici pourquoi :

Trois produits fabriquésà l'occasion de Noël et qui sont des spécialités régionales : le nougat noir, le nougat blanc, la pompe à l'huile d'olive. Les nougats sont un mélange de miel et d'amandes cuites. La pompe est une fougasse à base de fine fleur de farine, d'huile d'olive, d'eau de fleur d'orangers et de sucre, le tout parfumé au citron.

Quatre fruits frais conservésà l'occasion de Noël : la pomme, la poire, le melon, la sorbe. La sorbe, baie sauvage, ne se retrouve que rarement sur les tables de Noël d'aujourd'hui. C'est pourtant un fruit qui devient délicieux avec le temps, mais qui demande àêtre délicatement conservé sur de la paille sèche.

Six fruits secs : la figue, le raisin de Malaga, l'amande, la noisette, la noix, le pruneau. Les quatre premiers sont connus sous le nom des quatre "mendiants" parce que, dit-on, on retrouve dans la couleur de la figue la robe grise du franciscain, dans celle de l'amande la robe écrue du dominicain, dans la noisette la robe brune du carme, dans le raisin la robe foncée de l'augustin. Ne pas oublier que le tout est arrosé de vin cuit dans lequel il est d'usage de tremper les morceaux de la pompe à l'huile.

Pourtant, l'essentiel n'est pas de connaître par coeur chacun des treize desserts, c'est de pouvoir goûter à chacun après le "gros souper".

Source : Revue d'Information Municipale de Trans en Provence n° 19 - décembre 1987

Je vous souhaite de passer de très bonnes fêtes de fin d'année et nous nous retrouverons en 2017 !

Bonnes-fetes-de-fin-d-annee

 

Au pays des roseaux chantants

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Canne

D’Ollioules à Fréjus, en passant par Hyères, La Londe, Bormes, et Cogolin, le Var recèle un trésor caché, don de la terre et du vent. Les roseaux varois sont, paraît-il, ceux qui possèdent la plus belle musicalité. Coupés, poncés, calibrés, ils vont donner des anches pour faire sonner hautbois et résonner musettes, clarinettes et saxophones. Les instrumentistes du monde entier ne jurent que par ces fines lamelles. On dit que c’est le mistral qui, en jouant été comme hiver dans les roselières, procure aux roseaux varois une élasticité et une souplesse inégalables. L’origine du roseau remonte à l’Antiquité dans le bassin méditerranéen, mais on donne aussi son nom à diverses plantes comme les Typhas ou Massettes (roseaux des étangs ou roseaux de la passion), les Rotangs (roseaux épineux), les Acores (roseaux odorants), les Calamagrotis (roseaux des sables), les Sparganiers (roseaux rayés)… Cependant, le nom de roseau s’applique plus spécialement au genre Arundo (roseau de canne de Provence) ou Phragmite (roseau à balai). Le roseau, canne de Provence est en fait le vrai bambou d’Europe.

Roseaux

Le mot roseau date du XIe siècle. C’est le diminutif du vieux français "ros" qui signifie roseau ou chaume. A l’époque, on l’utilisait comme petit instrument de musique, mais aussi pour recouvrir les toits des fermes ou des abris. De la famille des graminées, ses tiges souterraines appelées rhizomes, rampantes et parfois très développées peuvent atteindre jusqu’à 10 m de long. Le roseau canne (Arundo donax) d’où sont produites les anches, grand  roseau ou encore canne de Provence, a normalement une taille variant entre 3 et 5 mètres de haut. Il est l’une des espèces les plus répandues avec le roseau à balai dont la tige est beaucoup plus fine et qui pousse dans les marais en Camargue. Le roseau canne de Provence a quant à lui une tige de la grosseur d’un pouce. Il aime les sols humides ou frais, mais il se développe aussi dans les terrains relativement secs, ne supportant pas sans souffrir un séjour prolongé dans l’eau. Il exige un climat doux et ne résisterait pas aux hivers froids du Nord puisqu’il gèle sur pied à moins 6°. Ce bambou d’Europe avait encore il y a une quarantaine d’années des emplois très variés (clôtures, piquets, tuteurs) et servait même parfois de canne à pêche ou de baguettes d’artificiers. On a également fait des caisses d’emballage, des paniers, des chalumeaux et du... papier. Ses jeunes pousses étaient stockées et servaient de nourriture pour le bétail.

Aujourd’hui, certains agriculteurs s’en servent encore de coupe-vent, mais son entretien dans le cadre du renouvellement des plantations, se poursuit surtout pour la fabrication des anches musicales (saxophones, clarinettes et hautbois). Jusqu’alors on utilisait le roseau sauvage, actuellement on plante du roseau pour l’exploitation à parti des marcottes (boutures de rhizomes) espacées d’environ 80 cm, afin de donner une roselière dense, peuplée et facilement exploitable lors de la récolte qui se fait de décembre à mars. Ramassés en période de repos végétatif, les roseaux sont stockés jusqu’en été. Ils vont sécher debout afin  d‘empêcher la pourriture et se seront travaillés qu’après. De par ses vertus, le roseau de Provence est exporté aux Etats-Unis, grands consommateurs d’anches, où l’on tente l’adaptation de rhizomes varois en Californie. Par ailleurs, le roseau constitue une matière première avantageuse pour sa puissance énergétique. Un hectare de cannes équivaut à sept tonnes et demi de pétrole. L’horticulture varoise grande consommatrice de chaleur pour ses serres, pourrait trouver là une source d’énergie peu coûteuse et facilement renouvelable.

 Source : Magazine "Vivre en Provence" N°6 Avril 1994.

anche

 

Les pipes de Cogolin

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Pipes_courrieu_cogolin

 Il est une spécialité de Cogolin qui utilise la racine de bruyère mâle, c'est la confection de pipes. Aux environs, on cultivait le tabac avant 1835, interdit à cette date, puis autoriséà nouveau par Napoléon III. Est-ce cela qui incita les Cogolinois à fabriquer des pipes ? On emploie l'érica scoparia qui pousse bien dans les terrains acides, donc dans les Maures où elle partage le sol avec d'autres espèces formant le maquis bas : cystes, arbousiers, romarins, lentisques. Il faut que l'arbrisseau soit nain ou intact. On l'arrache et on nettoie la "rabasse" tête de bruyère, grosse souche ronde de bois dur de laquelle partent des racines minces que l'on réduit aussitôt. Pour que le bois ne se fende pas, en attendant d'en avoir suffisamment pour accomplir un voyage, à chaque demi-journée on enterre les "rabasses" dans un trou préparé dans le sol. Puis elles sont transportées à l'usine où tout est trié et débité en petits cubes, les "ébauchons".

Pipe-courrieu-longue-

La maison Courieu travailla beaucoup avec l'Angleterre. Les ébauchons subissaient un traitement : mis à bouillir pendant dix heures, ils étaient mis au séchage durant trois semaines. On utilisait les racines femelles. On en expédia beaucoup à Saint-Claude dans le Jura, grand centre de la fabrication de pipes, puis vers 1880 les premiers établissements s'ouvrent à Cogolin. Les premiers blocs débités sont travaillés au tour, à la râpe, à la gouge, puis polis avec amour. Les femmes travaillent à cette confection et Jean Aicard les dépeignant, parle des "pipières à la chevelure rose poudrée de la fine sciure de bruyère". Le bois ainsi traité prend un beau poli et un joli ton de rouge. Le buis, le poivrier, le cerisier peuvent être utilisés en piperie, mais à Cogolin la matière première est sur la place dans cette grande forêt maurencque où la bruyère est si belle et le tabac se trouvait sur place au siècle dernier... Autrefois, les Celtes avaient fumé des herbes aromatiques dans des pipes de fer. Mais quand Monsieur Nicot importa la "plante à tabac" du Portugal, il y ajouta la pipe d'Amérique venue par le truchement des marins portugais. Cette pipe avait la forme d'un long chalumeau terminé par un petit réchaud d'argent, dans lequel se consumait le tabac. Le "pétun" ou herbe à reine, herbe sainte, était très appréciée et si les aristocrates le prisaient en poudre conservée dans de précieuses tabatières, le peuple adopta la pipe, très en vogue sous la Fronde. Trop, puisque Louis XIII interdit la vente de cette herbe si prisée au propre et au figuré (au début du XXè siècle, bien des personnes hommes et femmes prisaient encore). Mais sous Louis XIV, l'Etat le monopolisa, ce fut comme de nos jours, une source de revenus. La Restauration interdit l'usage de la pipe (on me fume qu'en cachette). Les artistes romantiques la remettent à la mode. Elle a évolué pendant ces temps, quoique simple, on en fait en diverses matières, la plus répandue est la pipe de terre. L'argile, la porcelaine, la corne, l'ambre, l'ivoire, l'écume, et le bois divers sont utilisés en piperie. Elles sont maintenant à foyer séparé, donc plus commodes pour être curées en les démontant. L'esprit des artistes est inventif pour diversifier les formes, les agrémenter pour tenter l'acheteur. De la bouffarde à la pipe miniature en porte-clés, tout un éventail est présenté dans les vitrines. On ne fume plus beaucoup mais on ne passe pas à Cogolin sans acheter une pipe de bruyères dans sa capitale.

Source : Les Maures - Terre de Provence - Georgette Brun-Boglio - Ed. Les terres du midi.

Pipe-sculptée-Courrieu 1

 

 

De belles marchandes de fleurs et de fruits

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Côte d'Azur-Bouquetière

Côte d'Azur-Marchande de minosas

Côte d'Azur-Marchande d'oranges

Niçoise

De jolies bouquetières et marchandes de fruits de la Côte d'Azur (Alpes-Maritimes) dénichées pour vous. Je les ai rajoutées à l'album-photos "Costumes".

Les chapelles de la peste

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Peste

La peste est connue depuis l'Antiquité. C'est une terrible maladie, atroce dans ses manifestations : bubons sanglants, vomissements, diarrhée... et, dans la quasi totalité des cas, fatale. Extrêmement contagieuse, elle se répand en épidémies qui parcourent régulièrement l'Europe. On estime que durant le Moyen-Age, tous les dix ans environ, une région est infestée. Quelques vagues sont plus terribles que d'autres et dépeuplent littéralement villes et campagnes, n'épargnant nul pays et aucune classe de la société : seigneurs et manants, hommes d'église, artisans et bourgeois, tous sont touchés. En 1347, une pandémie, partie de Chine quelques années plus tôt arrive en Provence. A Avignon, alors siège de la chrétienté, un tiers de la population est emportée par le fléau. Deux autres dates laissent de cuisants souvenirs aux Provençaux : 1630 et 1720. Il n'y a, en ces temps, aucun remède. Fumigations d'herbe et tampons de vinaigre sur le nez sont dérisoires.

La seule ressource est de prier et d'invoquer les saints : Sébastien, Antoine, le saint local et à partir du XVe siècle, Roch. Après ces dates, soit pour remercier d'avoir étéépargné, soit pour servir de rempart à une épidémie future, une multitude de chapelles nouvelles sont édifiées, d'autres sont reconstruites. Là est aussi l'origine de biens des pèlerinages d'aujourd'hui. Saint Sébastien, martyrs au IIIe siècle, fut, durant le Moyen Age, le principal saint protégeant les populations de la peste. Dans l'esprit populaire, les flèches qui le frappaient étaient assimilées aux morsures soudaines du mal. Entre les premiers symptômes et la mort, il ne s'écoulait en général, pas plus de deux à trois jours. L'image du saint le représente comme un homme jeune, beau et presque nu. Il vint un temps où cette nudité incommoda les autorités ecclésiastiques.

 

Saint-Roch

 

A partir du XVe siècle, l'Eglise répandit largement l'histoire édifiante de saint Roch qui lui paraissait plus convenable. Fils d'un notable de Montpellier, Roch devint pèlerin errant. Lors d'une peste à Rome, il s'illustre en soignant les malades, au mépris du danger. Lui-même atteint, il se retire à la campagne. Dieu fait alors jaillir une source miraculeuse où il soigne ses plaies. Pendant sa maladie, le chien d'un seigneur voisin lui apporte tous les jours un pain dérobéà la table de son maître. Revenu à Montpellier, pris pour un vagabond, il est jeté en prison dans sa ville natale. Il y meurt sans être reconnu.

Source : Chapelles de Provence - Serge Panarotto - Editions Edisud.

 

Le débordement de la Nartuby en 1827

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Sur mon autre blog, vous pouvez aller lire, si cela vous intéresse : Le débordement de la Nartuby en 1827. A rapprocher des inondations du 15 juin 2010 que nous avons subies.

Le débordement de la Nartuby en 1827 - Trans en Provence au fil de la Nartuby

La Nartuby petite rivière entièrement varoise, de 32 km de longueur, a deux sources différentes qui, à environ 1000 m d'altitude sortent de terrains calcaires. Elles sont distantes, à vol d'oiseau, de 20 km l'une de l'autre. La première, à 1km au levant du château de Vérignon, forme la Nartuby d'Ampus.

http://www.transenprovence.info

 

Les cigales : 4 ans sous terre... 3 mois au soleil

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Cigale

 De juin à août, dans le sud de la France, à partir de Valence, on les entend chanter de l'aube au crépuscule, souvent en choeur parfois en solo. Ce sont les cigales qui caractérisent - avec l'olivier - le climat méditerranéen.

Ce sont les mâles qui chantent... pour écarter les ennemis et effrayer ceux qui voudraient faire leur repas des cigales et de leurs femelles : oiseaux, lézards, couleuvres. Ce "tcht, tcht, tcht" strident et monotone est produit par un organe particulier situéà la partie inférieure de l'abdomen. Le violon de la cigale comporte sept pièces : un muscle entre en vibrations et communique le mouvement à un disque corné relié par un cordon triangulaire à une cymbale qui amplifie le mouvement et débouche dans une chambre sonore munie de plusieurs résonateurs ; elle permet à l'insecte de moduler son chant en laissant passer plus ou moins d'air. Le nom de la cigale vient du latin "cicada" qui signifie "membrane qui chante". Pour se défendre, la cigale dispose aussi de sa rapidité de déplacement grâce à ses ailes, d'une cuirasse coriace et de cinq yeux ultra-complexes. En effet, entre les deux yeux nettement visibles de part et d'autre de la tête et comprenant quatorze mille facetes, la cigale dispose de trois yeux supplémentaires au milieu du front. On comprend qu'il soit si difficle de l'approcher. Cette cigale que vous observez sur le tronc d'un pin... est née d'un des quatre cents oeufs pondus voici quatre ans par une femelle qui a enfoncé sa tarière dans l'écorce des arbres ou des branches mortes un jour de juillet. Mais sur ces quatre cents oeufs, dix peut-être donneront naissance à un insecte adulte. En effet, dès la ponte, un moucheron noir greffe ses oeufs sur ceux de la cigale pour nourrir ses larves qui en détruisent une grande partie. Fin octobre, dès la ponte, la nymphe rampe jusqu'à l'ouverture de la galerie, secrète un fil de soie et se laisse suspendre au soleil. Beaucoup seront dévorées par les fourmis, les araignées ou les oiseaux. Celle qui a survécu voit sa membrane se fendre, elle dégage ses pattes et saute dans le vide. Au sol, la nymphe creuse pendant huit jours avec ses pattes antérieures jusqu'à un mètre de profondeur. Elle trouve une radicelle d'arbre et y enfonce son suçoir. Trois ans passent ainsi. Au printemps de la quatrième année, elle remonte patiemment. A ce moment-là, le froid peut la tuer. En juin enfin, elle perce la dernière couche de terre et monte sur un arbre.  

Cigale cuirasse

 Les trous que vous découvrez dans le sol en juin sont des orifices de sortie des cigales. Une fois sur l'arbre, la cuirasse se fend, la trompe sort de son faisceau, les pattes glissent hors de la peau, les ailes se déplacent, grandissent et sèchent en trois quarts d'heures. En vingt quatres heures, la cigale qui était verte devient noire. Et les mâles commencent àémettre ce bruit strident et monotone qui berse nos journées. Juin, juillet, août : la cigale aura vécu trois mois pour une adolescente de quatre ans. Comme si l'homme ne devenait adulte qu'à soixante dix ans... pour mourir à soixante quatorze ! Avec sa trompe, la cigale aspire le suc des arbres et des plantes qu'elle n'affaiblit pas sensiblement. Aucune comparaison avec les criquets d'Afrique du Nord ou les éphypigères (boudragues) qui dévastent nos collines et nos vignobles. Se nourrir, se dorer au soleil, chanter, vivre sans faire du mal à autrui pendant les mois d'été, la cigale de Provence, n'est-elle pas le symbole même du vacancier ?

Cigale 1 

 Source : Revue d'Information Municipale de Trans en Provence n° 9 - 1985.

 


Mise à jour de mes albums-photos

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Ecusson et multi vues

Bonjour à toutes et tous,

je vous informe que j'ai téléchargé de nombreuses cartes postales dans les albums-photos de mon blog sur Trans en Provence. J'ai également mis en place un nouvel album intitulé : Auberge du Vieux Moulin.

Je vous souhaite de faire des découvertes !

Mise à jour de mes albums-photos - Trans en Provence au fil de la Nartuby

Bonjour à toutes et tous, je vous informe que j'ai mis à jour les albums-photos. J'ai téléchargé de nombreuses cartes postales qui, je l'espère, vous intéresseront. J'ai également mis en place un nouvel album-photos intitulé : Auberge du Vieux Moulin. Bon découverte à vous.

http://www.transenprovence.info

 

Les ex-voto

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Ex-voto Louise Gensolen

 

Art populaire authentique, exécuté par des artistes anonymes, les ex-voto peints sont des reflets précieux de la vie quotidienne des petites gens.On y voit la façon dont ils s'habillaient, travaillaient, étaient logés, se déplaçaient... On peut y décrypter les liens sociaux et familiaux et, bien sûr, on y observe leurs malheurs.

"Ex-voto" est une abrévation de la formule latine "ex-voto suscepto" qui veut dire "à la suite d'un voeu". L'ex-voto est un objet, une inscription sur divers supports ou une image peinte offerts à la Vierge ou à un saint en remerciement d'une grâce obtenue, souvent après avoir échappéà une maladie ou à un grave danger. Dans ces circonstances, le demandeur implore la Vierge ou le saint d'un sanctuaire particulier. Une fois tiré d'affaire, il s'y rend en pèlerinage pour prier et déposer son témoignage. Cette pratique remonte à la plus haute Antiquité ; Egyptiens, Grecs, Celtes, Romains faisaient déjà ce type d'offrandes à leurs divinités. On ne sait à quel moment les chrétiens adoptèrent cette tradition. Peut a-t-elle existé dès le début de la nouvelle religion. En Provence, à partir du XVIIe siècle, le phénomène prend de l'ampleur. C'est le moment où se développent les ex-voto peints sur panneaux de bois qui racontent les circonstances du voeu et de la grâce. Les chapelles qui les reçoivent sont très nombreuses. La vague enfle, atteint son apogée au XIXè siècle, puis décroît. Les ex-voto peints sont remplacés par des paroles ou des objets familiers encadrés et des plaques de marbre gravées. C'est sous cette dernière forme que l'ex-voto survit aujourd'hui.

Les ex-voto marins : Durant des siècles, pour les marins, pour les pêcheurs et pour tous les voyageurs, la mer a été source de danger. Un chapelet de chapelles borde le littoral méditerranéen. De leurs voûtes pendent des maquettes de navires, et leurs murs sont couverts de tableaux qui racontent de terribles naufrages survenue ici, près de nos côtes, ou en mers lointaines et dangereusement exotiques.

Source : Chapelles de Provence - Serge Panarotto - Editions Edisud.

 

Ex-voto_Roquebrune 

Ex-voto

Ex-voto

Ex-voto marins

La légende de l'âne volant de Gonfaron

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Souvenir de Gonfaron

En 1524, la Provence : Antibes, Vence, Grasse, Trans, Le Muy, Saint-Maximin etc..., est envahie par les troupes espagnoles de Charles Quint, sous la conduite de Fernando d'Avalos, marquis de Peyscayre, grand chambellan du royaume de Naples. Les Espagnols se répandent sur tout le pays, s'emparant et pillant même les îles de Lérins et les Iles d'Hyères, en route vers Marseille. Toute la Provence est sur le pied de guerre et elle se défend si bien qu'elle oblige les envahisseurs à coups de mousquets, d'arquebuses et de canons, à se retirer en toute hâte et dans le plus grand désordre vers Menton, non sans être accompagnés par les quolibets des Provençaux, à l'adresse du marquis,criant sur son passage : "Oh pécaïre, oh peuchère !" Après la bagarre, le Roi René II revint dans ses états de Provence et s'installa dans son beau château du Tarascon, puis, il envoya son viguier faire un tour dans le pays pour mettre un peu d'ordre dans les affaires, après une telle victoire. Ce viguier état curieux et avait de l'instruction. Il avait appris qu'en Provence , il y avait un pays où les ânes volaient. On lui avait dit : "A Gonfaron, les ânes volent" et à Gonfaron, il exigea que l'on fit voler un âne. Les gens du village amenèrent sur la place publique un vieil âne qui n'était plus bon à rien, pensant que si celui-là disparaissait dans le ciel, on ne perdrait pas grand chose.

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Ils se mirent en posture de la gonfler de leur respiration, en plantant un fort tuyau de roseau dans le trou, sauf votre respect, que tous les ânes ont sous la queue. Et tour à tour passèrent ces bravent gens, sous le regard attentif du viguier, chacun soufflant selon sa force, en bouchant bien vite avec la paume de la main, le trou du tuyau de peur que la bête ne se dégonfle. Tout le village s'exécuta et comme l'opération paraissait satisfaisante, on demanda au viguier de sceller l'exécution en soufflant à son tour. Indigné, il déclara que de trop vilaines bouches s'étaient posées sur ce tuyau et qu'il ne soufflerait pas. Mais tous se mirent à crier qu'il allait faire manquer le résultat d'un si beau travail et qu'en soufflant le dernier, il recueillerait tout le mérite de l'ascension. Il se vit donc obligé de mettre sa part de respiration dans le trou de l'âne ; mais comme il était très délicat et qu'il avait de l'éducation, il lui vint une bonne idée ; il retira le roseau, le retourna vivement, et l'ayant planté par l'autre bout dans le pertuis que vous savez, il put souffler plus proprement par l'orifice où personne, excepté l'âne n'avait mis sa bouche avant lui. Mais en retirant le roseau, le viguier avait dégonflé l'animal de tout le vent du village. Il s'en alla raconter son aventure et sa déception au Roi René qui le consola en lui disant "Mon bon ami, tant que vous n'aurez pas pénétré l'âme de notre peuple, vous ne comprendrez jamais ce que représente une galéjade".

Source : "Conte du bon vieux temps" paru dans le Bulletin Municipal de Trans en Provence n° 3 de 1983

 

Les croix et les calvaires

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Croix de Provence

Croix de Provence au sommet de la montagne Sainte-Victoire

En Provence, les croix sont partout. Elles se dressent aux entrées et sorties des villages, sur les places, devant les églises et les chapelles, aux carrefours dans la campagne, sur les collines, au sommet des montagnes... Elles ont pour fonction de sanctifier le territoire des hommes et pour mission de conforter les croyants dans leur foi. A tous, elles rappellent que cette terre fut, et pour certains elle demeure, fermement catholique. Grandes ou petites, richement ouvragées ou sobrement épurées, ostentatoires ou le plus souvent discrètes, elles sont, avec les oratoires, une composante indissociable du paysage provençal et de notre "cadre de vie". Ce ne sont pas toujours de simples oratoires et beaucoup d'entre elles véhiculent un contenu symbolique. Pour ceux qui savent le lire, elles sont aussi un langage.

Croix-de-mission

Croix de mission à Boulbon (Bouches-du-Rhône)

La croix de missionévoque un effort d'évangélisation , à l'étranger, ou dans nos campagnes ; la croix votive commémore l'accomplissement d'un voeu émis par la communauté ; la croix de jubilérappelle l'anniversaire d'un règne papal ou d'un évènement religieux ;

Croix de la Passion

Croix de la passion

la croix de la passion porte dans son décor les instruments du supplice du Christ : clous, marteau et tenailles, lances, la main qui le gifla, le calice de l'agonie... Le lierre et la vigne décorent maintes croix. Le lierre signifie la vie éternelle : au Moyen-Age, il symbolisait la fidélité jusqu'à la mort et était réputé pour protéger de l'envoûtement. Dans la Bible, la vigne est assimilée à l'Arbre de vie ; pour le chrétien, le cep est le Christ et les grappes sont les fidèles, c'est-à-dire, l'Eglise. D'autres symboles sont plus parlants pour nous ou mieux connus, tel l'agneau pascal ou la colombe du Saint-Esprit. Ces éléments sont là pour renforcer la signification première de la croix qui, pour le chrétien, est le symbole de la passion du Christ rédempteur, et la promesse de la vie éternelle offerte au croyant.

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Calvaire à la Sainte-Baume (Var)

Un calvaire est un monument religieux représentant Jésus crucifié, flanqué par les croix des deux larrons. D'autres personnages peuvent être présents au pied de la croix du Christ : sa mère Marie, Marie-Madeleine, Marie-Salomé, l'apôtre Jean... Un calvaire peut être très réaliste ou simplement symbolisé par trois croix, la croix centrale étant toujours la plus importante.

Chemin de croix-Ampus

Chemin de croix à Ampus (Var). Photos de Rosette Goure

Le chemin de croix est la commémoration imagée et très codifiée de la Passion du Christ. Il comporte 14 stations qui séquencent son supplice : 1 condamnation, 2 portement de la Croix, 3 première chute, 4 rencontre avec sa mère, 5 aide de Simon de Cyrène, 6 une femme essuie son visage, 7 seconde chute, 8 consolation des fille de Jérusalem, 9 troisième chute, 10 dépouillement, 11 crucifixion, 12 mort, 13 descente de la Croix, 14 mise au tombeau.

Chemin de croix-Lorgues

Chemin de croix montant à l'ermitage Saint-Férréol à Lorgues (Var) Photo site merveilles du Var.net

 

Le bagne de Toulon

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Bagne de Toulon

Origine du bagne

Aujourd'hui, il ne reste plus rien des bâtiments du bagne de Toulon et de son hôpital, construits autrefois sur le quai du Grand Rang qui sépare vieille darse et darse neuve. Touché par les bombardements de 1943-1944, il a été entièrement raséà la fin de la guerre. Le bagne de Toulon avait la particularité d'être directement issu des galères de Marseille crées en 1660. Ces navires à la ligne de flottaison basse étaient propulsés à la rame par des protestants qui avaient refusé d'abjurer leur foi, des esclaves musulmans et des repris de justice. Dépassées par l'évolution technique des navires à haut pont, elles furent transférées à Toulon en 1748. Les rameurs devinrent bientôt des travailleurs de force du port - les forçats- et les galères, qui ne quittaient plus le quai, firent fonction de bagnes flottants pour y loger les condamnés. La peine des galère fut commuée en peine des fers. Sous la Restauration, il y avait en France métropolitaine dix bagnes. Toulon faisait partie des trois plus grands avec Brest et Rochefort. Au XIXe siècle, à la faveur de la préparation de nombreuses expéditions scientifiques et coloniales, son bagne devient le plus grand de France métropolitaine, comptant entre 3 000 à 4 000 hommes suivant les périodes.

La chaîne

L'arrivée au bagne

Depuis 1820, les condamnés arrivaient à pied depuis Bicêtre ou de prisons plus au sud. Ces hommes intégraient ce que l'on appelait en Provence la chenaïdo, désignant la chaîne à laquelle ils étaient attachés par le cou. Le voyage qui durait environ trente jours, se faisait à pied et par voie fluviale à hauteur du Rhône. On utilisa quelques années plus tard des charrettes, puis des fourgons appelées "chaîne volante", dont les cellules étaient si étroites qu'il fallait porter les condamnés dont les membres étaient ankylosés pour les en sortir. A leur entrée par la porte de Castigneau, on leur retirait leur collier de fer, leurs cheveux étaient coupés de façon asymétrique pour les condamnés à temps et rasés avec des raies pour les condamnés à perpétuité. Vêtus d'un pantalon jaune, d'une chemise blanche et d'une veste rouge, ils étaient coiffés d'un bonnet phrygien, vert pour les perpétuités et rouge pour les condamnés à temps. Les récidivistes portaient une manche jaune. Chaque homme recevait un matricule et, jusqu'à la monarchie de Juillet, ils étaient marqués au fer rouge. L'accueil se terminait par la mise en place d'un anneau à la cheville - la manille - qui pesait 1,5 kg, auquel était fixée une chaîne de 7,2 kg. Les bagnards étaient ensuite attachés par deux pour une durée minimale de quatre ans.

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La vie du bagnard

Lorsqu'ils arrivaient au bagne, tous étaient affectés aux travaux de "grande fatigue" : construction de bâtiments, lestage de navires, pompage des bassins, halage à terre des vaisseaux. Au bout de quatre ans, si le condamné avait fait preuve de bonne conduite, il pouvait être détaché de son compagnon d'infortune et affecté aux travaux de "petite fatigue" : infirmerie, écriture, cuisine, jardinage. Certains pouvaient travailler à l'extérieur du bagne. Il y eut ainsi en ville des domestiques-bagnards et même des dentistes-bagnards. La nuit, les condamnés logeaient dans des lieux différents. Les peines de moins de cinq ans dormaient sur des navires désarmés, les bagnes flottants, à même le sol, leur chaîne attachée à une barre. Les peines de plus de cinq ans dormaient à terre dans une salle de force sur un "tollard", un long banc en planches, et ceux qui avaient eu une bonne conduite bénéficiaient dans la salle des éprouvés, d'un petit matelas d'herbage. La salle des indociles était destinée aux fortes têtes qui étaient liés à une double chaîne, de jour comme de nuit, avec interdiction de travailler pendant trois ans. Les repas proposés par l'administration étaient extrêmement frugaux et se composaient de pain, de légumes secs et de vin. Cependant, les condamnés pouvaient le compléter grâce à l'argent qu'ils percevaient de leur travail et de petit objets qu'ils avaient fabriqués et vendus au bazar du bagne.

La bastonnade

Les évasions

Tout était mis en oeuvre pour empêcher les évasions : coupes de cheveux insolites, vêtements aux couleurs vives, chaînes et manilles. Pourtant, les tentatives étaient courantes. Dès que l'une d'elles était signalée, le bâtiment amiral chargé de la police du port hissait le drapeau jaune et tirait au canon pour avertir la population. Des récompenses étaient offertes à ceux qui feraient arrêter l'évadé. Les bagnards repris, en plus de la bastonnade, encouraient trois ans de peine supplémentaire s'ils étaient condamnés à temps et trois ans de double chaîne pour les condamnés à perpétuité.

Le-bagne-de-toulon-en-1830

La fin du bagne

Au milieu du XIXe siècle, la fin des grands travaux d'infrastructure et la mécanisation des arsenaux font soudainement apparaître, à l'administration et à la population, l'inutilité et le danger moral que constitue la présence des forçats dans les grands ports de métropole. En 1850, le prince-président, Louis-Napoléon Bonaparte estime qu'ils seraient mieux employés à valoriser les nouveaux territoires d'outre-mer. Ainsi, en 1852, les bagnes administrés par la marine sont fermés. A Toulon, il sert jusqu'en 1873 de dépôt de prisonniers avant leur embarquement pour la Nouvelle-Calédonie et la Guyane.

Vidocq

Vidocq, un hôte fameux du bagne de Toulon

Née en 1775 à Arras dans une famille de boulangers aisés, Eugène François Vidocq a connu une vie aventureuse et de nombreux démêlés avec la justice. Il est condamné en 1796 à huit ans de travaux forcés pour "faux en écritures publiques et authentiques". Envoyé au bagne de Brest, il parvient à s'évader huit jours après son arrivée. Arrêtéà nouveau en 1799, il est envoyéà Toulon d'où il s'évade en mars 1800. Souhaitant vivre une existence normale, il propose en 1806 ses services comme indicateur à la police de Paris. En 1811, le préfet de police le place à la tête de la brigade de sûreté, dont le rôle est de s'infiltrer dans le "milieu". Excellent physionomiste, son talent pour se déguiser et sa mémoire sans faille le rendent indispensable. Un peu trop sans doute car il finit par s'attirer la haine de ses collègues et de nombreuses personnalités. Il est révoqué par deux fois de son poste, en 1827 et en 1832, après avoir repris ses fonctions pendant sept ans. Entre-temps, il avait ouvert une usine de papier et d'encre infalsifiable, dans laquelle il employait d'anciens bagnards qu'il aidait à se réintégrer. Il fonde en 1833 la première agence de détective privé du monde. Jusqu'à sa mort en 1857, il fut harcelé par la police qui saisit à plusieurs reprises les milliers de dossiers conservé dans son agence, tentant de le compromettre dans des affaires criminelles. La justice l'innocenta à chaque fois.

Source : Toulon de A à Z - Magali Bérenger Ed. Alan Sutton.

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